Outre les dirigeants du pays hôte, ce forum
« Avenir de l’Asie » réunit le président philippin Rodrigo Duterte,
les Premiers ministres malaisien Mahathir Mohammad, bangladais Sheikh Hasina,
cambodgien Hun Sen, laotien Thongloun Sisulith ainsi que les vice-Premiers
ministres singapourien Heng Swee Keat et vietnamien Pham Binh Minh.
Des
répercussions diverses
La guerre commerciale sino-américaine,
caractérisée par une surenchère des droits de douane de part et d’autre,
affecte la croissance mondiale et notamment celle de l’Asie. Mais pour les pays
connus comme étant des centres de production à bas prix, c’est finalement une
aubaine.
En effet, si les premières délocalisations de
sociétés étrangères en dehors de la Chine ont commencé il y a quelques années
déjà, le déclenchement de cette guerre douanière a accéléré le mouvement.
Casio, le fabricant japonais de montres, vient d’annoncer qu’il rapatrierait
une partie de ses activités de production et délocaliserait le reste en
Thaïlande. Mais la Thaïlande est aussi la destination d’une autre société
japonaise, Ricoh, qui fabrique des imprimantes. Le producteur de chaussures
américain Steve Madden a de son côté annoncé qu’il comptait faire du Cambodge
son principal pays de production. Quant aux fabricants de chaussures Brooks
Running, de machines à laver Haier, de chaussettes Jasan, qui alimentent les
célèbres marques de vêtements sportifs tels qu’Adidas, Puma, New Balance ou
Fila, ils envisagent de délocaliser… au Vietnam.
Selon un sondage publié ce mois-ci par la
Chambre de commerce américaine en Chine, 40% des sociétés américaines
implantées en Chine envisagent elles aussi de délocaliser, à moins qu’elles ne
l’aient déjà fait, essentiellement en Asie du Sud-Est.
Voilà donc, pour l’Asie du Sud-Est, qui s’en
tire finalement à bon compte. Les économies que d’aucuns appellent « les
tigres d’Asie » ne peuvent pas en dire autant. Loin s’en faut. C’est
notamment le cas de Singapour et de Hong Kong, qui doivent leurs richesses au
commerce et au transit de flux commerciaux internationaux, mais aussi d’économies
développées telles que la République de Corée et le Japon. Le coût élevé de
leur main d’œuvre décourage les sociétés désireuses de délocaliser ailleurs
qu’en Chine.
Nécessité
d’un leadership japonais et aséanien
Que faire pour attirer les investisseurs,
stopper la baisse des exportations et garantir une croissance inclusive en Asie,
dans ce contexte de guerre commerciale sino-américaine ? Voilà la grande
question qui sera débattue lors du forum de Tokyo.
Depuis plusieurs années, le Japon s’affirme en
tant que promoteur de l’intégration économique asiatique. Il a joué un rôle clé
dans la signature de l’accord de partenariat transpacifique global et
progressiste (CPTPP) et de l’accord de libre-échange Chine-Japon-République de
Corée. Tokyo se montre également très actif dans les négociations de l’accord
de partenariat économique global régional, le RCEP. Profitant de sa position
d’allié des États-Unis, le Japon négocie habilement avec ces derniers des
accords commerciaux susceptibles de lui garantir les taxes les plus
avantageuses possibles. L’ASEAN, de son côté, est en passe de devenir le moteur
économique de l’Asie. Ses dix pays membres collaborent étroitement et partagent
leurs infrastructures techniques et leurs technologies afin de trouver des
places confortables dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Le forum de Tokyo sera donc l’occasion pour
les dirigeants du Japon et de l’ASEAN de trouver des solutions pour permettre à
leurs pays, mais plus généralement à l’Asie, de s’adapter au mieux à la nouvelle
conjoncture et d’atteindre son objectif de croissance inclusive.