Un centre de formation à Xinjiang (photo: AFP)
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C’était prévisible, diront certains... Entendez par là que l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche ne pouvait que se traduire par une dégradation des relations avec Pékin, relations qui n’étaient pourtant déjà pas au beau fixe... Ce qui est nouveau, avec le président démocrate, c’est que contrairement à son prédécesseur, il semble en mesure de faire bloc avec ses alliés du monde occidental pour tenir tête à Pékin, et qu’apparemment, il entend bien ne pas s’en priver...
Des sanctions, encore et toujours...
Prenons le dernier épisode en date de cette guerre larvée, ce qui nous ramène à lundi dernier, 22 mars. L'Union européenne et le Royaume-Uni décident alors - et d’un commun accord - d’imposer des sanctions à l’encontre de quatre responsables chinois et une société de construction, coupables selon eux de violations des droits de l'Homme au Xinjiang. C’est la première fois - depuis 1989 - que Bruxelles sanctionne ainsi Pékin pour violations des droits de l'homme, les sanctions en question consistant, pour les personnes ou entités visées, en une interdiction de se rendre dans l’Union européenne et en un gel des avoirs qui y sont détenus.
Comme il fallait s’y attendre, la réponse de la Chine a été celle du berger à la bergère: dix personnalités européennes, dont plusieurs élus du Parlement européen, accusées «de porter gravement atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la Chine et de propager des mensonges et de la désinformation» ont été sanctionnées, de même que quatre institutions européennes, à savoir le comité en charge de la politique et de la sécurité, la sous-commission des droits de l’Homme du Parlement européen, l’Institut Mercator pour les études chinoises, basé à Berlin, et la fondation Alliance des démocraties, qui est une ONG danoise. Certains analystes estiment qu’en agissant comme elle l’a fait, la Chine a été plus sévère à l’égard du monde occidental que ce dernier ne l’a été vis-à-vis d’elle...
A noter que la Chine avait déjà menacé les États-Unis de représailles après l’annonce faite le 17 mars par le secrétaire d'État américain Antony Blinken de sanctions visant 24 fonctionnaires chinois pour leur intervention dans les élections à Hong Kong.
... et rien d’autre, pour l’instant
Cette fermeté affichée par Pékin aussi bien dans sa réaction aux sanctions qu’au cours de la rencontre qui vient d’avoir lieu avec Washington en Alaska, montre une volonté d’engager un véritable bras de fer...
Reste à savoir ce que sera l’attitude des Américains et des Européens sur le long terme... Pour l’instant, l’heure est manifestement à la confrontation. Témoin l’accord sur les investissements, conclu fin 2020 entre la Chine et l’Union européenne, qui risque fort de ne pas franchir le cap de la ratification au Parlement européen...