Photo: Denis Balibouse/AP |
Cette réunion a eu lieu à la représentation diplomatique américaine de Genève en présence des vice-ministres des Affaires étrangères des deux pays, Wendy Sherman et Sergueï Riabkov, alors que les relations entre Washington et Moscou n’ont jamais été aussi tendues depuis la Guerre froide. Les discussions s'articulaient autour des deux projets d'accord proposés par la Russie pour garantir sa sécurité, des préoccupations concernant les opérations militaires des parties, ainsi que la crise ukrainienne. Ces discussions augurent une semaine diplomatique intense. Une réunion OTAN-Russie est prévue mercredi à Bruxelles, avant une rencontre jeudi à Vienne entre la Russie et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la plateforme de dialogue Est-Ouest issue de la Guerre froide.
Aucune percée notable…
Selon les déclarations des deux parties, le dialogue de lundi s’est déroulé de manière franche, mais ce n’était qu’une occasion pour elles de mieux comprendre les priorités et les préoccupations de l’autre. Aucune partie n’a donné de calendrier précis pour le règlement des problèmes abordés.
Concernant la question de l’Ukraine, la secrétaire d’État adjointe américaine, Wendy Sherman, a indiqué qu'elle ne savait pas si la Russie voulait vraiment engager une désescalade en renvoyant dans leurs casernes les milliers de soldats massés à sa frontière ces dernières semaines.
Le négociateur russe, Sergueï Riabkov, a rétorqué ne pas avoir «l'intention» d'attaquer l'Ukraine. Si la Russie a massé des troupes à la frontière avec l’Ukraine, c’est pour des entraînements militaires qui se déroulent de toute façon sur le territoire russe, il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter d’une quelconque escalade, a-t-il déclaré.
Le vice-ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Riabkov (droite) et son homologue américaine Wendy Sherman. Photo: Denis Balibouse/AP |
Manifestement, les deux parties ont campé sur leurs positions. En effet, juste avant les pourparlers à Genève, Washington et Moscou avaient envoyé des signaux négatifs, voire durs. Sergeï Ryabkov a affirmé dimanche que la Russie n’excluerait aucune possibilité, mais ne ferait aucune concession sous la pression et les menaces des Occidentaux. Bien que ce dialogue soit une prémisse à deux autres réunions de la Russie avec l’OTAN et l’OSCE, la diplomatie pourrait prendre fin à l’issue d’une seule réunion, a-t-il dit. Entretemps, Wendy Sherman a souligné que Washington restait fidèle aux principes internationaux de souveraineté, d’intégrité territoriale et à la liberté des pays souverains de choisir leurs propres alliances. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a aussi déclaré ne pas espérer une quelconque percée lors de ce dialogue et attend de voir si Moscou choisit «la voie de la diplomatie» ou «celle de l’affrontement».
Des affrontements persistants
Depuis longtemps, les relations russo-américaines restent tendues. La politique américaine vis-à-vis de la Russie, qui était encore floue durant le mandat du président Donald Trump, devient maintenant plus claire sous l’administration de Joe Biden. Celui-ci poursuit une approche plus dure dans ses relations avec la Russie, en choisissant la confrontation plutôt que la coopération.
Selon de nombreux experts, les confrontations entre la Russie et les États-Unis et celles entre la Russie et l’Occident sont liées à une compétition géopolitique, à des luttes d’influence et à des conflits d’intérêts fondamentaux. Dans cette spirale de confrontation géostratégique, les mesures prises par les États-Unis et l’Occident, telles que l’expansion de l’OTAN vers l’Est, avec l’admission en son sein de pays voisins de la Russie, et le déploiement d’armes et de forces près de la frontière russe, ont toujours été considérées comme des menaces par Moscou. Et chaque fois, la Russie a réagi de manière symétrique aux sanctions américaines et occidentales.
Au fil des ans, la Russie et les États-Unis ont évoqué à plusieurs reprises la possibilité de «réinitialiser » les relations bilatérales. Cela montre que les deux parties sont encore bien conscientes de l’importance de maintenir une relation bilatérale stable. Cependant, force est de constater que les dernières réunions, y compris les derniers sommets, étaient seulement des occasions pour les deux parties de se mettre d’accord sur les règles de la concurrence et de mieux comprendre les priorités et les préoccupations de l’autre. Les pourparlers à Genève ne font pas exception. La réinitialisation, ce ne sera donc pas pour demain.