Derrière le refus ukrainien de signer l’accord avec l’Union européenne

Hong Van
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(VOVworld) - Près de 3 semaines après le refus du président ukrainien Viktor Ianoukovitch de signer l'accord d’association avec l’Union européenne au profit d'un rapprochement avec la Russie, la crise politique empire dans le pays.

(VOVworld) - Près de 3 semaines après le refus du président ukrainien Viktor Ianoukovitch de signer l'accord d’association avec l’Union européenne au profit d'un rapprochement avec la Russie, la crise politique empire dans le pays. Les manifestations se poursuivent et l’opposition pro-européenne renforce les pressions sur le gouvernement. C’est dans ce contexte que le président Viktor Ianoukovitch se rend ce mardi en Russie, dans le but d’accélérer la signature d’une série d’accords économiques avec Moscou.

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Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, le 13 décembre à Kiev. (Andrew Kravchenko - Pool - AFP)

Bien que riche en potentialités, l’Ukraine se confronte actuellement à de nombreuses difficultés : croissance en baisse, taux de chômage et inflation en hausse. Dans ce contexte, l’Union européenne a promis de lever jusqu’à 98% des barrières fiscales facilitant l’accès des marchandises ukrainiennes sur son marché, en cas de conclusion de l’accord d’association. Cela rapporterait à Kiev quelque 500 millions d’euros chaque année. l’Ukraine se doit, en contrepartie, de réduire son déficit budgétaire. Pendant ce temps, Moscou a, pour sa part, promis d’injecter immédiatement des dizaines de milliards de dollars en Ukraine. Finalement, entre une coopération bénéfique sur le long terme avec l’Union européenne et des intérêts immédiats proposés par la Russie, l'Ukraine a décidé de choisir Moscou. C’est pour cette raison que le président Viktor Ianoukovitch a refusé de signer l’accord d’association avec les 28, un accord pourtant soutenu par 50% des Ukrainiens.

Une tension politique dans l'impasse

En refusant de signer ce document, Viktor Ianoukovitch n’avait pas mesuré les graves conséquences liées à cette décision. La situation en Ukraine est de plus en plus hors de contrôle. Depuis 3 semaines, le pays s’enlise dans une crise politique pronfonde et dans une division sociale sans précédent. Des centaines de milliers d'Ukrainiens pro-européens sont descendus dans les rues. Ils réclament la poursuite en justice de ceux qui ont ordonné la répression des manifestants, la libération des prisonniers politiques dont l’ancienne Première Ministre Timochenko, mais aussi la dissolution du gouvernement. Les manifestants ont même assiégé les sièges de l’Agence ukrainienne de la sécurité, du ministère des Affaires Etrangères et de la commission électorale centrale. L’opposition a appelé à une autre manifestation monstre après avoir fait descendre dans la rue près de 300 mille personnes, le week-end dernier. A l'instar des pro-européens, les pro-Ianoukovitch ont renforcé de la même manière leur présence dans le parc Mariinski devant le Parlement.

Dans un geste de conciliation, samedi, le président Ianoukovitch a révoqué deux hauts responsables, dont le maire de Kiev, pour avoir ordonné la dispersion violente de la manifestation du 30 novembre qui a fait des dizaines de blessés dont de nombreux étudiants. Le chef de l’Etat ukranien a aussi envisagé de licencier les responsables chargés d’élaborer l’accord d’association avec l’Union européenne, tout en affirmant que les accords signés lors de sa visite en Russie ne comprendraient pas l’accord d’adhésion à l'Union douanière promue par la Russie. De son côté, le Premier Ministre ukrainien a rejeté l’accusation de l’opposition selon laquelle Kiev chercherait à se rapprocher de Moscou et d’autres pays de l’ex-Union soviétique.

Par ailleurs, lundi, les députés du parti au pouvoir en Ukraine, le Parti des régions, ont demandé au Premier ministre, Mykola Azarov, de remanier 90% de son gouvernement,  sans pour autant aller jusqu’à demander la démission du Premier ministre.

Spectre d’une confrontation Est-Ouest

La répression par les autorités ukrainiennes des manifestants a donné aux Etats-Unis un prétexte pour intervenir dans le pays. Lors d’une conversation téléphonique avec le président ukrainien, le vice-président américain Joe Biden a exprimé son inquiétude profonde et le week-end dernier, on trouvait, parmi la foule des manifestants anti-gouvernement à Kiev, le sénateur républicain et ancien candidat à la présidentielle américaine John McCain et le sénateur démocrate Christopher Murphy. Ces derniers ont déclaré que l’avenir de l’Ukraine appartenait à une Europe unifiée. De l’avis des observateurs, cette invervention américaine fait ressurgir le spectre de la confrontation Est-Ouest datant de la guerre froide.

L’histoire mondiale montre que depuis la fin de la guerre froide, les Etats-Unis et leurs alliés européens cherchent par tous les moyens à séduire les pays de l’ex-Union soviétique pour les garder éloignés de la Russie. En conséquence, plusieurs pays ont adhéré à l’OTAN et à l’Union européenne. Il reste pourtant certains autres pays qui ont choisi de se placer sous l’aile de la Russie pour des raisons politico-économiques. Parmi eux, l’Ukraine.

 L’Ukraine se confronte actuellement à sa pire crise politique depuis la Révolution orange de 2004. Sortir de cette crise en équilibrant les intérêts de toutes les fractions politiques est un véritable casse-tête pour le président Viktor Ianoukovitch./.

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