Un nouveau plan militaire d’Israël à Gaza
Le 5 mai dernier, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a annoncé le lancement d’une nouvelle offensive à Gaza, qu’il qualifie de nouvelle phase du conflit, avec des objectifs entièrement repensés.
Des signes annonciateurs d’une nouvelle offensive militaire de grande envergure d’Israël contre Gaza sont apparus dès le week-end dernier, lorsque l’armée israélienne a mobilisé des dizaines de milliers de réservistes et convoqué une réunion d’urgence du cabinet dans la nuit du 4 mai. Lors de cette réunion, le gouvernement a approuvé un plan d’élargissement de l’offensive terrestre, avec pour principaux objectifs d’intensifier les frappes contre le Hamas, de maintenir le contrôle des territoires conquis et de déplacer la population de Gaza vers le sud. Le cabinet israélien a également validé la distribution d’aide humanitaire à Gaza où aucune assistance n’a été acheminée depuis le 2 mars. Cependant, ce qui soulève le plus d’inquiétudes dans le nouveau plan militaire d'Israël est son intention à long terme concernant Gaza. Le 5 mai, le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, a annoncé qu’Israël prenait le contrôle de la bande de Gaza pour y rester même dans le cadre d’un accord sur les otages. Bien que le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, n’ait pas explicitement évoqué une occupation indéfinie de Gaza, il a toutefois clairement indiqué que l’armée israélienne ne suivrait plus les stratégies antérieures reposant sur les incursions temporaires depuis l’extérieur de l’enclave.
“Il est important de clarifier que nos soldats ne pénétreront pas à Gaza pour ensuite se retirer. Allons-nous mobiliser des réservistes pour prendre le contrôle de certains territoires, puis les abandonner avant de poursuivre l’offensive ailleurs? Ce n’est pas notre plan ni notre intention. Au contraire, notre objectif est totalement différent”, a-t-il déclaré.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Photo: THX/TTXVN |
En parallèle du nouveau plan militaire, le Premier ministre israélien continue de promouvoir la proposition du président américain Donald Trump concernant le déplacement volontaire de la population de Gaza vers des pays voisins comme la Jordanie ou l’Égypte. Ces initiatives ont immédiatement suscité des réactions vives de diverses parties. Les ministères des Affaires étrangères de plusieurs pays européens ont exprimé leur opposition, estimant qu'une nouvelle offensive militaire à Gaza ne servirait les intérêts d'aucune des parties. De son côté, l’ONU a averti qu’une telle opération ne ferait qu’aggraver la crise humanitaire déjà catastrophique dans la région.
“Le secrétaire général de l’ONU a exprimé une profonde inquiétude face aux informations concernant l'extension des opérations terrestres israéliennes et la prolongation de sa présence militaire à Gaza. Elle entraînera certainement de nouvelles pertes civiles et la destruction des infrastructures de Gaza. Gaza doit faire partie de l'État de Palestine dans l’avenir”, a souligné Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU.
Ce nouveau plan militaire israélien a été annoncé alors que de nombreuses organisations internationales préviennent que la catastrophe humanitaire à Gaza approche de seuils insupportables. Dans un rapport publié le 2 mai, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a signalé que presque toutes les denrées alimentaires, l’eau, les médicaments et les fournitures médicales étaient sur le point de s’épuiser, plaçant des millions de vies en grand danger.
Des tensions sur plusieurs front
Selon les analystes, le nouveau plan militaire d’Israël pour Gaza a été préparé depuis plusieurs mois. Le choix de l’annoncer juste avant la visite du président américain Donald Trump au Moyen-Orient, prévue du 13 au 16 mai, semble indiquer que le gouvernement israélien cherche à convaincre l’administration américaine de relancer le plan précédent de Donald Trump pour Gaza, qui proposait le déplacement de la population civile vers d'autres pays, avec les États-Unis et Israël prenant ensuite le contrôle de la région. Par ailleurs, l’escalade des actions militaires israéliennes intervient à un moment où les tensions se multiplient sur plusieurs fronts, notamment avec les attaques des Houthis au Yémen et les menaces de frappes réciproques entre Washington et Tel Aviv contre l’Iran, si les négociations sur l’accord nucléaire échouent.
Le 4 mai dernier, les forces houthis ont lancé des missiles sur l’aéroport international Ben Gurion, au centre d’Israël, faisant plusieurs blessés. Bien que les Houthis aient déjà attaqué le territoire israélien à plusieurs reprises, c’était la première fois que leurs missiles balistiques réussissaient à franchir les multiples couches de défense aérienne israéliennes et américaines pour frapper une infrastructure clé. Selon les observateurs, cet incident pourrait pousser Israël à adopter des actions militaires plus audacieuses contre les Houthis et l’Iran, d’autant plus que plusieurs membres de l’administration Trump ont une position dure envers l’Iran. Ainsi, la nouvelle offensive à Gaza pourrait marquer le début d’un nouveau cycle de conflits au Moyen-Orient, Israël cherchant à tirer parti de son avantage militaire et du soutien des États-Unis.
Des soldats israéliens à Gaza. Photo: Xinhua |
L’inquiétude a grandi le 5 mai, lorsque le président Donald Trump a refusé de commenter le nouveau plan militaire d’Israël à Gaza, se contentant d’annoncer que les États-Unis fourniraient de l’aide alimentaire à la population de Gaza. Selon Emma Ashford, chercheuse au centre Stimson (États-Unis), Donald Trump subit une forte pression interne sur la question israélienne.
«De nombreux partisans de Donald Trump, qu’il s’agisse de conseillers à la Maison-Blanche ou de membres du Parti républicain, apportent un soutien fort à Israël sur les questions de Gaza, de l’Iran et du Moyen-Orient en général, bien au-delà de leur soutien à Donald Trump lui-même ou à sa politique «L’Amérique d’abord», note-t-elle.
Les semaines à venir pourraient marquer une “période dangereuse” au Moyen-Orient, estiment les observateurs. Le lancement par Israël d’une nouvelle offensive à Gaza coïncide avec une étape cruciale des négociations nucléaires entre les États-Unis et l’Iran. Si ces négociations n’enregistraient pas de progrès significatifs, l’administration américaine pourrait recourir à des actions militaires, comme elle l’a déjà menacé.