Des défis multiples…
Un bâtiment sérieusement endommagé dans la ville de Sievierodonetsk, province de Lugansk, le 1er juillet. Photo : Reuters
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La reconstruction de l’Ukraine est une tâche qui incombe au monde démocratique, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un message vidéo envoyé à la conférence. Son Premier ministre, Denys Shmyhal, a précisé que 750 milliards de dollars seraient nécessaires: un chiffre qui est loin d’être définitif, selon les spécialistes, et qui surtout, représente plusieurs fois le PIB de bien des pays... A priori, seuls les pays riches peuvent envisager de contribuer à un tel budget, à ceci près qu’ils sont eux-mêmes confrontés à des difficultés croissantes, telles que l’inflation et la flambée du prix des carburants.
Le problème financier n’est de toutes façons pas le seul que pose la reconstruction de l’Ukraine.
Que faire pour rapatrier les plus de 10 millions d’Ukrainiens qui ont été obligés de fuir leur pays? Comment les aider à retrouver une vie normale? Que faire si la guerre se poursuit, provoquant encore davantage de destructions? Autant de questions qui restent posées...
Certains estiment que la reconstruction de l’Ukraine pourrait prendre «des années, voire des décennies».
… et des perspectives encore floues
La conférence sur la reconstruction de l’Ukraine à Lugano (Suisse), le 5 juillet. Photo: AFP |
Le résultat le plus tangible de la conférence de Lugano reste la signature, par les dirigeants de la quarantaine de pays et des organisations internationales participantes, d’une déclaration commune, aux termes de laquelle ils s’engagent à contribuer à la reconstruction de l’Ukraine par des assistances politiques, financières et techniques… sans pour autant avancer de chiffre concret.
Dans les milieux politiques occidentaux, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger la confiscation des avoirs du gouvernement et des oligarques russes à l’étranger, de façon à financer la reconstruction de l’Ukraine. Il faut savoir que suite au déclenchement de l’opération militaire spéciale russe, le 24 février dernier, les pays occidentaux ont gelé pour environ 300 milliards de dollars d’avoirs de la Banque centrale russe à l’étranger. Ils ont également confisqué les yachts et les biens immobiliers de nombreux oligarques russes. La Chambre des représentants américaine a même décidé de vendre certains des biens confisqués, alors que l’administration Biden a planifié l’utilisation des avoirs gelés de la Banque centrale russe pour soutenir l’Ukraine. Cette dernière mesure est d’ailleurs très appréciée par le haut commissaire de l’Union européenne pour les affaires étrangères la politique de sécurité, Josep Borrell.
Cependant, tous les pays occidentaux ne partagent pas ce point de vue.
Lors de la conférence de Lugano, le président de la Confédération helvétique, Ignazio Cassis, a mis en garde contre les conséquences négatives d’un éventuel transfert d’avoirs russes gelés à l’Ukraine. D’après lui, compte tenu du fait que le droit de propriété fait partie des droits fondamentaux, cela créerait un précédent dangereux, qui serait de nature à saper les fondements de l’ordre international.
De nombreux analystes abondent dans ce sens. Toutes les solutions et toutes les actions concernées doivent être conformes au droit international. Et avant d’envisager des plans de reconstruction, il est bien plus urgent d’accélérer les négociations de paix et de renforcer les efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit, rétablir la paix et la stabilité si nécessaires à l’Ukraine et à son peuple.