Brexit: les divergences au sein de la Grande-Bretagne

Hông Vân
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(VOVWORLD) - À deux mois du Brexit, le Gouvernement et le Parlement britannique ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord sur les modalités de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Le 28 août, la tension s’est accrue lorsque le Premier ministre Boris Johnson a annoncé la suspension du Parlement du 9 septembre au 14 octobre, soit deux semaines avant la date du Brexit, le 31 octobre.

Près de 52 % des Britanniques avaient voté leave lors du référendum organisé en juin 2016 sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Depuis, le gouvernement et le Parlement britannique s’opposent toujours sur la mise en oeuvre du Brexit. Faute de parvenir à un accord, Theresa May a démissionné de son poste de Premier ministre le 7 juin 2019. Elle a été remplacée par Boris Johnson, élu par les conservateurs, le 24 juillet.

Brexit: les divergences au sein de la Grande-Bretagne - ảnh 1 Boris Johnson. Photo: Reuters

Des actions fortes

Depuis sa prise de fonction, le nouveau chef du gouvernement britannique se montre impatient de résoudre la crise politique créee autour du Brexit. Il a promis de sortir  «coûte que coûte» le Royaume-Uni de l'UE le 31 octobre, la date butoir fixée par Bruxelles après deux reports. Alors que la rentrée parlementaire est prévue le 3 septembre, Boris Jonhson a annoncé avoir écrit à la reine Elizabeth II pour lui demander de suspendre le Parlement après les débats du 9 septembre, et jusqu'au 14 octobre. Dans une lettre envoyée aux parlementaires, il justifie cette mesure par sa volonté de présenter un nouveau programme législatif «ambitieux». Cette suspension a suscité un flot d’indignation de la part des opposants à un «no deal» qui y voient une tentative de les bâillonner.

Pour les observateurs, la suspension du Parlement britannique pour cinq semaines a pour but de contraindre le parti travailliste qui s’oppose à un Brexit sans accord d’organiser un vote de défiance contre Boris Jonhson. Pour y parvenir, il faudrait que les conservateurs votent contre leur propore parti. Ce scénario semble impossible!

Lundi 2 septembre, Boris Johnson s'est dit prêt à convoquer des élections anticipées le 14 octobre, si son gouvernement essuyait une défaite au Parlement sur le Brexit. Si, comme attendu, des députés conservateurs "rebelles" se joignent aux membres de l'opposition pour battre le gouvernement lors d'un vote mardi, ce dernier soumettra immédiatement au Parlement une motion appelant à des élections anticipées sur laquelle les députés se prononceront dès mercredi. Boris Jonhson assure que si les députés le soutiennent, il parviendra à un consensus avec Bruxelles sur certaines clauses du Brexit lors du sommet européen, prévu le 17 octobre prochain. Ce sont ces clauses qui ont été rejetées à trois reprises par la Chambre des communes.

Des violentes réactions

La suspension du Parlement britannique jusqu’au 14 octobre a provoqué des réactions outragées de l’opposition, qui a dénoncé une manœuvre «antidémocratique». «C’est un scandale et une menace à notre démocratie», a réagi Jeremy Corbyn, le chef du Labour, le principal parti d’opposition. En quelques heures, une pétition contre la décision de Boris Johnson, déposée sur le site du Parlement, a recueilli plus de 1,3 million de signatures. Jeremy Corbyn et le chef de file des libéraux-démocrates, Jo Swinson ont tous deux écrit à la reine Elizabeth II pour s’opposer à la prorogation qu’elle a accordée, le 28 août, et lui ont demandé un rendez-vous d’urgence.

Plusieurs milliers de personnes ont pris part samedi premier septembre à des dizaines de manifestations pour dénoncer un "coup d’État" du Premier ministre.  Des manifestants se sont rassemblés à Manchester (nord-ouest de l’Angleterre), mais aussi à Édimbourg (Écosse) et à Belfast (Irlande du Nord).

Alors qu’un bras de fer politique s’annonce cette semaine au Royaume-Uni, Bruxelles reste ferme au sujet du Brexit. Le négociateur de l’Union européenne (UE) Michel Barnier a exclu, dimanche 1er septembre, de renégocier l'accord conclu avec Theresa May, renforçant l'hypothèse d'un Brexit dur le 31 octobre. Il est hors de question de renégocier le filet de sécurité irlandais (ou "backstop"), dont Boris Johnson souhaite délester l'accord de divorce, a expliqué Michel Barnier dans une tribune publiée par le Sunday Telegraph.

En décidant de suspendre le Parlement jusqu'au 14 octobre, Boris Johnson prend le risque d'essuyer un vote de défiance dès cette semaine. Selon lui, le risque est calculé, et le jeu en vaut la chandelle. Pourtant, selon certains analystes, en utilisant ses «outils politiques» pour tromper l’organe législatif, Boris Johnson a crée des antécédents dangereux et plongé le pays dans une crise politique sans précédent depuis plusieurs décennies.

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