Un membre des unités commando de l'armée afghane sur une route près de la ville d'Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, le 1er août 2021. Photo: AFP |
Une avancée fulgurante...
Les services de renseignement américains estiment que les talibans pourraient assiéger et prendre Kaboul dans les trois moins à venir, a révélé, le 11 août sous couvert d'anonymat, un responsable américain de la défense. Pour les Américains, la question n’est plus de savoir si mais quand le gouvernement afghan perdra le contrôle total du pays... Beaucoup situent cette date fatidique dans les six mois qui suivront le 31 août, date à laquelle les États-Unis et leurs alliés auront définitivement quitté le pays.
En l’espace d’une semaine, les talibans se sont emparés de près de la moitié des capitales provinciales afghanes. A la date du 13 août, ils contrôlent le nord, l’ouest et le sud du pays. Ils revendiquent aussi la prise de Kandahar, la deuxième ville de l’Afghanistan, qui serait donc désormais sous leur férule comme le sont déjà Hérat et Ghazni.
A Kaboul, c’est le chaos. Des milliers de réfugiés affluent aux portes de la capitale, dans l’espoir - sans doute dérisoire - d’être sauvés par les forces gouvernementales.
Les talibans s’emparent de Ghazni, au sud-ouest de Kaboul, le 12 août 2021. Photo: Reuters
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Comment en est-on arrivé là?
Cette avancée fulgurante des talibans s’explique par plusieurs raisons.
Tout d'abord, les insurgés sont beaucoup plus motivés et combatifs que les soldats de l'armée afghane. Les talibans considèrent le retrait simultané des troupes américaines et de leurs alliés comme une victoire, comme une «occasion en or» d'étendre leur zone de contrôle. Par conséquent, ils mettent tout en œuvre pour prendre le contrôle d'un maximum de territoires, l'objectif étant d’arriver en position de force à la table des négociations, si négociations il y a...
Pour les forces gouvernementales, le retrait de la coalition internationale est un coup dur, très dur... Force est de constater que cette armée afghane n’a pas réussi à acquérir l’autonomie qui lui faudrait pour faire face à la situation, et que privée de son principal soutien, elle s’effondre comme un château de cartes...
Ce n’est pas d’ailleurs une question d’armement et de logistique: de ce point de vue-là, les forces gouvernementales sont bien mieux pourvues que les insurgés. Elles sont en revanche gangrenées par la corruption et la bureaucratie...
Face à cette avancée fulgurante des talibans, Washington a décidé de remobiliser 8000 militaires pour évacuer les ressortissants américains de Kaboul. Le Pentagone va dans un premier temps déployer 3000 soldats à l’aéroport international de Kaboul, mais ces soldats auront pour seule mission de protéger un retrait, devenu aussi urgent qu’inéluctable.
In fine, que pourrait faire d’autre le président Joe Biden ?