Affaire Skripal : Londres et Moscou dos-à-dos

Hong Van
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(VOVWORLD) - La tension est montée d'un cran mercredi entre Londres et Moscou. La Première ministre britannique Theresa May a en effet annoncé l'expulsion de 23 diplomates russes, après avoir jugé la Russie « coupable » de l’empoisonnement de l’agent double Sergueï Skripal sur le territoire du Royaume-Uni.
Affaire Skripal : Londres et Moscou dos-à-dos - ảnh 1Sergueï Skripal est un ancien colonel du renseignement militaire russe - Photo Business Insider

Sergueï Skripal est un ancien colonel du renseignement militaire russe. Il avait été arrêté et condamné en 2004 en Russie pour collusion avec le MI6 britannique. L’agent double avait pourtant ensuite été échangé en 2010 contre un groupe d’agents dormants russes démasqués aux Etats-Unis et il vivait depuis à Salisbury, en banlieue de Londres, sans se faire remarquer. Retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc à Salisbury, Sergueï Skripal et sa fille Youlia ont été hospitalisés dans un état « critique », après avoir été victimes d’une tentative de meurtre, selon les autorités britanniques. A ce jour, ils sont toujours dans un état critique.

Des sanctions diplomatiques…

«Cela constitue un usage illégal de la force par l’Etat russe contre le Royaume-Uni», a déclaré mercredi la Première ministre devant les députés britanniques, avant d’annoncer, en conséquence, la « suspension des contacts bilatéraux » avec Moscou, assortie de l’expulsion de vingt-trois diplomates russes, soupçonnés d’être « des agents du renseignement non déclarés ». Madame May a précisé que la suspension des contacts incluait « la révocation de l’invitation faite au ministre des Affaires étrangères (Sergueï Lavrov, en l’occurrence) », et qu’aucun membre du gouvernement ou de la famille royale ne se rendrait en Russie pour assister à la Coupe du monde de football qui doit y avoir lieu du 14 juin au 15 juillet. Mais Theresa May est allée plus loin, en menaçant de geler les avoirs de l’Etat russe.

La Première ministre a annoncé ces sanctions après l'expiration, mardi à minuit, d'un ultimatum qu'elle avait fixé à la Russie pour fournir des explications sur l'empoisonnement de Sergueï Skripal. Moscou n’a fourni aucune explication crédible, a-t-elle déploré.

Le ministère des Affaires étrangères russe a immédiatement protesté, dès mercredi, en prévenant que la réaction de Moscou « ne se ferait pas attendre ». Le Royaume-Uni a « fait le choix de la confrontation », a noté le ministère dans un communiqué. L’ambassade de Russie à Londres a de son côté qualifié cette décision britannique d’« hostile, inacceptable et injustifiée ». Quand au Kremlin, il avait auparavant déclaré qu’il « n’admettait pas » les accusations « sans preuves » et les ultimatums de Londres.

D’après les médias russes, la fermeté de Theresa May à l’égard de Moscou ne viserait qu’à faire oublier son échec sur le Brexit et à interférer dans l’élection présidentielle russe qui aura lieu ce dimanche 18 mars.

Affaire Skripal : Londres et Moscou dos-à-dos - ảnh 2Retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc à Salisbury, Sergueï Skripal et sa fille Youlia ont été hospitalisés dans un état « critique » - Photo Reuters

 … qui risquent d’affecter les relations diplomatiques   

Les relations entre la Grande-Bretagne et la Russie ne sont décidément pas au beau fixe, et ce depuis les années 2000. La faute à une affaire d’empoisonnement - déjà… - dont a été victime l’ancien espion russe Alexandre Litvinenko. A cela s’ajoutent les sanctions imposées à la Russie par l’UE, et a fortiori par le Royaume-Uni qui en était toujours membre à part entière à l’époque, à propos de l’annexion de la Crimée.      

Sur le plan des échanges commerciaux, en revanche, les choses vont mieux, et même beaucoup mieux puisqu’en 2017, leur valeur a dépassé les 12 milliards de dollars, soit une hausse de près de 23% par rapport à 2016.

Les analystes estiment que, compte tenu des retombées du Brexit, le Royaume-Uni ne peut pas s’offrir le luxe de se mettre à dos tel ou tel partenaire potentiel. Autrement dit, et au risque d’un mauvais jeu de mots, Londres n’a aucun intérêt à laisser cette affaire empoisonner ses relations avec Moscou. C’est sans doute bien ainsi que l’entend Theresa May lorsqu’elle affirme que « ce n’est pas dans l’intérêt national du Royaume-Uni de couper tout dialogue avec la Russie ».

Personne ne saurait dire jusqu’où pourraient aller la Russie et le Royaume-Uni dans ce scandale. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’une détérioration des relations des deux pays porterait préjudice non seulement à ces derniers, mais aussi au climat politique mondial.

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