Le Premier ministre Pham Minh Chinh au Sommet P4G. Photo: baoquocte.vn |
ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE VIETNAMIEN AU SOMMET P4G
(Hanoï, 20h00, le 31 mai 2021)
S.E. Monsieur le Président de la République de Corée Moon Jea-in,
Mesdames et Messieurs les dirigeants,
Mesdames et Messieurs les hôtes distingués,
Je tiens, tout d’abord, à adresser au Gouvernement coréen et au Président Moon Jae-in mes remerciements profonds pour avoir tenu ce Sommet dont le thème choisi revêt une signification particulière. Je voudrais, au nom du Gouvernement vietnamien et de tout mon cœur, vous adresser mes salutations les plus chaleureuses et mes vœux les meilleurs.
Mesdames et Messieurs,
Le monde où nous vivons est actuellement exposé à des effets cumulatifs d’une ampleur inédite de la pandémie du COVID-19, du changement climatique et du tarissement des ressources naturelles. S’y ajoute le vieillissement démographique au quel de nombreux pays doivent faire face, ce qui provoque de graves conséquences sur tous les plans, non seulement pour nos générations mais aussi pour celles futures.
Pourtant, ce sont pandémie, difficultés et défis qui nous enseignent mieux l’importance de préserver l’environnement et celle d’assurer l’harmonie entre les humains et la nature; qui nous donnent de nouvelles impulsions pour nous en sortir plus fort et pour nous affirmer en toute maturité. Plus que jamais, il nous importerait de consentir nos efforts afin de résoudre de manière équilibrée les besoins pressants de relancer le développement économique et ceux de poursuivre un développement plus vert et plus durable en période post covid-19. Il s’agit à la fois d’un objectif et d’une exigence impérative pour le développement de tous les pays. De ce constat, permettez –moi de vous formuler des propositions suivantes :
Premièrement, la reprise verte, l’économie verte et l’économie circulaire devraient être engagées avec force à tous les niveaux: national, régional et mondial, notamment dans le cadre de la réalisation des Objectifs du développement durable des Nations unies et de l’Accord de Paris sur le Climat. Nous préconisons ainsi de réajuster notre prise de conscience, notre méthodologie et notre approche pour faire en sorte de passer d’une réponse passive aux défis à une combinaison harmonieuse, adéquate et efficace entre d’une part la réponse aux défis et d’autre part la transition verte, ce pour éviter des bouleversements qui pourraient causer d’éventuels chocs dans l’avenir.
Deuxièmement, la transition verte exige un calendrier adapté en fonction des conditions et spécificités de chacun. Les pays développés devraient être à l’avant-garde dans la concrétisation des engagements de réduction des émissions. Il leur conviendrait par ailleurs d’accorder des aides d’ordre financier, technologique et institutionnel aux pays en développement et aux pays qui sont gravement touchés par le changement climatique.
Troisièmement, l’attention devrait être portée à la construction institutionnelle afin d’encourager la participation de tous les acteurs, notamment les entreprises et les habitants. Il convient de promouvoir les projets de partenariat public-privé (PPP) en faveur de la croissance verte et de créer de nouvelles chaînes de valeur et de nouveaux métiers en rendant plus «verte» la production industrielle, agricole et tertiaire.
Quatrièmement, il convient de renforcer les capacités d’adaptation des régions les plus touchées par le changement climatique, à savoir la sous-région du Mékong et le delta du Mékong au Vietnam. Relever de sérieux défis auxquels sont exposées ces régions nécessiterait la coopération étroite et responsable de la communauté internationale dans notamment la gestion et l’usage pérenne des ressources en eau transfrontalières. Cette approche garantissait en effet la sécurité alimentaire et la sécurité des ressources en eau de la région et du monde entier.
Cinquièmement, le redressement économique et le retour à la croissance sont conditionnés par le succès de la lutte contre la pandémie COVID-19. Les efforts déployés par chacun des pays y sont certes primordiaux. Mais la coopération internationale y est indispensable. Il est crucial d’exprimer la compassion vis-à-vis des pertes humaines et matérielles, de partager des progrès de technologie, des financements et des ressources en santé, notamment des vaccins. Il convient de créer des conditions favorables à l’investissement, au commerce international et au transport et à la circulation des passagers et de marchandises entre les pays pour assurer la continuité des chaines d’approvisionnement mondiales.
Sixièmement, dans le contexte actuel, il convient à tous les pays de faire preuve de solidarité, de responsabilité et du respect mutuel afin d’assurer les intérêts communs de l’humanité toute entière ; de promouvoir la paix, la stabilité, la coopération et le développement. Ces derniers sont primordiaux pour le redressement économique et la coopération internationale.
Mesdames et Messieurs,
Exposé certes à nombre de difficultés et défis à relever, le Vietnam est déterminé à atteindre « le double objectif » qu’est le contrôle de la pandémie et le développement économique. Nous préconisons l’équilibre entre développement économique et développement social. Le Vietnam réconcilie le développement économique et la protection de l’environnement et l’adaptation au changement climatique en appliquant les principes suivants :
1) L'innovation du modèle de croissance, le réajustement structurel de l’économie, la promotion de l’économique verte, le développement de la demande du marché et des industries émergentes ainsi que l’amélioration de la productivité du travail constituent de grandes orientations. (2) L’homme, placé au centre, est considéré comme sujet, ressource, moteur et objectif de première importance du développement y compris le développement vert. (3) Le Viet Nam renonce résolument au modèle de «croissance d'abord, nettoyage plus tard». Il ne tolère pas la croissance à tout prix sans durabilité. Et le Viet Nam ne poursuivra certainement pas une pure croissance économique aux dépens du progrès, de l'égalité sociale et de l’environnement de vie.
Je voudrais saisir cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude à tous les partenaires internationaux, y compris la République de Corée, pour leur appui et leurs aides inestimables apportés au Viet Nam dans la poursuite de ses objectifs de développement. Le Viet Nam souhaite continuer à recevoir l’aide et la coopération plus efficaces des autres pays, des organisations internationales et des entreprises, en particulier dans les domaines tels que mise œuvre des projets d'infrastructure stratégiques de haute qualité, économie verte, économie numérique, économie circulaire, adaptation au changement climatique et villes intelligentes, ce au service des objectifs de développement durable du Viet Nam.
En tant que signataire de tous les grands accords internationaux sur l'environnement et le changement climatique, membre fondateur du Sommet P4G, le Viet Nam est prêt à contribuer de manière responsable et active aux efforts communs de la communauté internationale en faveur de la reprise verte et du développement durable. Dans cet esprit, j'appuie pleinement la Déclaration de Séoul initiée lors de ce Sommet par le Gouvernement de la République de Corée.
Mesdames et Messieurs,
Je suis convaincu que de concerte avec le Sommet des dirigeants sur le changement climatique tenu le 22 avril dernier et la prochaine COP 26 en novembre, ce Sommet P4G restera dans l’histoire comme ce qui a contribué à faire valoir la convergence de vues, le partage de responsabilités, la volonté d’agir et les efforts communs en vue de promotion de la coopération internationale, ce dans l’objectif de relever ensemble les défis, de faire face avec efficacité au changement climatique et de réussir les objectifs globaux de croissance verte.
Je vous remercie de votre aimable attention. Que notre Sommet soit couronné de succès!