La délégation vietnamienne, dirigée par le Premier ministre Pham Minh Chinh (2e, à gauche) participe au 38e sommet de l'ASEAN. Photo: VGP/ Nhât Bac

Ces rencontres se déroulent dans un contexte particulièrement difficile, les pays de la région ayant été frappés de plein fouet par une résurgence de contaminations de Covid-19. Alors qu’il n’existe à ce jour aucun médicament spécifique contre le Sars CoV-2 et que l’ASEAN ne dispose toujours pas suffisamment de vaccins, l’autosuffisance régionale dans la production de vaccins devient plus que jamais urgente.

Afin de relancer l’économie, l’ASEAN a décidé de créer un espace dans lequel les hommes d’affaires et les populations pourraient se déplacer librement. Cette option s’avère toutefois compliquée à mettre en œuvre compte tenu de la disparité des réglementations sanitaires au sein de la région et du risque élevé de reprise de l’épidémie dans l’hypothèse d’un assouplissement progressif des mesures de restrictions de déplacement. A cela s’ajoutent d’autres défis majeurs tels que les catastrophes naturelles, la sécurité régionale, ou encore la concurrence entre les grandes puissances.

Pour répondre à ces défis, l’ASEAN propose de renforcer la solidarité entre les pays membres, de promouvoir les mécanismes de coopération, et d’intensifier les relations avec ses partenaires de manière harmonieuse.

Affirmer le rôle central de l’ASEAN dans la résolution de questions régionales et mondiales

En effet, outre la résolution des défis intra-régionaux, ces réunions permettront aux pays membres d’intensifier les coopérations avec leurs partenaires: la Chine, le Japon, la République de Corée, l’Inde, les États-Unis, l’Australie et la Russie et de valoriser les mécanismes que l’ASEAN a initiés, a fortiori le sommet ASEAN+3 réunissant les pays de l’ASEAN, la Chine, le Japon et la République de Corée et le sommet d’Asie de l’Est (EAS) impliquant également les États-Unis, l’Australie et la Russie.

Si les partenaires de l’ASEAN ont des intérêts divergents, l’ASEAN, elle, s’est toujours employée à maintenir un certain équilibre dans ses relations avec chacun d’entre eux. La lutte contre la pandémie de Covid-19 s’avérant être un terrain d’entente pour tous, l’ASEAN a multiplié les rencontres avec ses partenaires dans cette perspective. On retiendra notamment les conférences extraordinaires des ministres des Affaires étrangères ASEAN-Chine (juin 2021), ASEAN-Russie (juillet 2021) ou encore ASEAN-États-Unis (juillet 2021). Une autre conférence, celle entre les chefs de la diplomatie ASEAN et ceux du G7 est prévue en décembre prochain à Londres. Récemment, l’ASEAN a reconnu le Royaume-Uni comme étant son 11e interlocuteur et a attribué le statut de partenaire sectoriel de l’ASEAN aux Émirats arabes unis. Elle examine actuellement la proposition de la Chine et de l’Australie de porter leurs relations au niveau de partenariat stratégique intégral.

S’agissant de l’instabilité politique au Myanmar, l’ASEAN a mis en œuvre le consensus en 5 points que les pays membres avaient adopté en avril 2021.

En ce qui concerne la mer Orientale, l’ASEAN défend l’application du droit international et de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. Elle affirme l’importance du maintien de la paix, de la stabilité, de la sécurité et de la liberté de navigation maritime et aérienne dans cette zone et appelle tous les pays à se conformer à la Déclaration sur la conduite des parties en mer Orientale, et à promouvoir la rédaction d’un Code de conduite efficace et substantiel conforme au droit international.

Les partenaires de l’ASEAN ont chacun leurs intérêts et leurs priorités qui sont parfois contradictoires, voire conflictuels. Les présents sommets de l’ASEAN seront l’occasion de valoriser son rôle central dans la région, d’harmoniser ses propres priorités et celles de ses partenaires, pour le développement commun.