Contestation en Irak

Anh Huyên
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(VOVWORLD) - L’Irak s’enflamme depuis un mois avec un mouvement de contestation inédit marqué par des violences. Le bilan humain est estimé à 250 morts, 8.000 blessés et 6.000 personnes arrêtées. Défiant le couvre-feu, la population est descendue mardi dans les rues pour protester contre le gouvernement d’Adel Abdel Mahdi.
Contestation en Irak   - ảnh 1Photo d'illustration

Partie de Bagdad, la vague de contestation s’est rapidement étendue à d’autres villes dans le sud. Le 28 octobre, les forces de sécurité ont usé de la force pour disperser la foule en colère, tuant 14 personnes et en blessant 865 autres dans la ville sainte chiite de Kerbala.

Pourquoi la contestation?

Déclenchées par des appels sur les réseaux sociaux, les premières manifestations ont commencé le 1er octobre. Les Irakiens réclament le départ du Premier ministre et dénoncent l’inefficacité des services publics, le chômage galopant et la corruption. Malgré l’instauration d’un couvre-feu et la coupure d’Internet, les manifestations se poursuivent. Ce sont les premières manifestations menées contre le gouvernement d’Adel Abdel Mahdi, en place depuis à peine un an.

Après les années Daech, le gouvernement irakien pensait qu’un retour à la vie normale suffirait. De nombreuses promesses ont été faites mais très peu d’entre elles ont été tenues et la population n’a rien vu des changements annoncés.

Il est difficile de croire que l’Irak, cinquième producteur mondial de pétrole avec 4,6 millions de barils par jour, manque de tout. Dans certaines régions du sud, il n’y a ni accès à l’eau potable ni à l’électricité. 25% de la population n’a pas d’emploi. La corruption, estimée à 410 milliards d’euros de fonds publics, vient ajouter au poids de la colère. Le pays est d’ailleurs classé par Transparency International au 12e rang des pays les plus corrompus au monde. Enfin, les éternels conflits interethniques et interconfessionnels déstabilisent le pays au niveau politique et sécuritaire.

Quelle issue?

Face à la pression de la rue, le Premier ministre Mahdi a annoncé des réformes et un vaste remaniement ministériel. Il a notamment promis de construire plus de logements sociaux, d’augmenter les allocations chômage, de proposer des prêts préférentiels aux jeunes et de nouer un dialogue avec les protestants. Le Parlement a adopté lundi des mesures concernant les salaires des fonctionnaires, la création d’un comité chargé de rédiger les amendements constitutionnels dans un délai de quatre mois et la dissolution de tous les conseils provinciaux et locaux en dehors de la région semi-autonome du Kurdistan. Beaucoup estiment que ces mesures sont insuffisantes et qu’il est trop tard.

Daech pourrait tirer profit de cette situation de crise. Rappelons que la majeure partie des jeunes recrutés en son sein sont démunis et se pensent sans avenir. Sans une remise en question des élites, du gouvernement et de l’État, l’avenir de l’Irak semble fortement compromis.

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