Nay Dao, patriarche du village de Sô Ma Rong, incarne cette sagesse qui ne s’acquiert qu’avec les années. Son engagement quotidien dépasse largement le cadre cérémoniel pour embrasser les défis contemporains de sa communauté.
Dans cette région où les croyances religieuses ont parfois été instrumentalisées à des fins politiques, des leaders spirituels comme Ksor Duing œuvrent pour une pratique apaisée de la foi. Chef du groupe protestant du Sud du Vietnam dans le village de Sô Ma Rong, il a transformé sa maison en sanctuaire de réconciliation.
«Depuis 2019, j’ai ouvert les portes de mon foyer pour accueillir les pratiquants. J’ai pu convaincre quatorze familles - environ soixante personnes - qui pratiquaient clandestinement de rejoindre notre communauté légale. Je leur ai expliqué clairement que l’État ne reconnaît pas le protestantisme Dega ni les mouvements Fulro qui s’opposent aux institutions. Il s’agissait de leur faire comprendre qu’ils compromettaient leur avenir. Aujourd’hui, ces familles connaissent une renaissance, vivant harmonieusement leur foi dans le respect des lois», explique-t-il.
Cette approche trouve écho chez le pasteur Siu Than, de l’Église missionnaire chrétienne évangélique de la commune d’Ia Hiao, qui a fait de son engagement un chemin vers la réintégration sociale.
«À tous ceux qui se sont égarés, je dis ceci: abandonnez vos peurs et vos complexes. Notre communauté vous tend les bras sans jugement ni discrimination. Nous guidons nos fidèles vers le respect des lois tout en les encourageant à développer des activités économiques pour améliorer leur condition matérielle. Notre philosophie est simple: le dimanche est consacré à la spiritualité, et le reste de la semaine au travail qui permet de subvenir dignement aux besoins de sa famille", dit-il.
L’histoire de Ksor Bhat illustre parfaitement le potentiel de transformation qui sommeille en chacun. Ancien partisan du mouvement séparatiste “État Dega”, il est aujourd’hui devenu une figure respectée comme chef du groupe protestant du Sud du Vietnam dans le village de Plei Lok, commune d’Ia Ake, récompensé par le Comité populaire pour son engagement exemplaire.
«J’ai longtemps adhéré au mouvement protestant Dega. Aujourd’hui, je suis honoré par la confiance des autorités qui m’ont nommé dignitaire du village et responsable de l’antenne locale du Front de la patrie. J’ai pu établir notre groupe religieux officiellement en 2007, qui respecte scrupuleusement les politiques nationales. J’ai compris que le protestantisme Dega fragilisait l’unité nationale et contrevenait aux principes fondamentaux de notre société, c’est pourquoi j’ai choisi une autre voie», partage-t-il.