Une virtuose de la soie

Duc Quy
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(VOVWORLD) - Cap sur Phùng Xa, un village situé au bord de la rivière Day, à 40 kilomètres au sud de Hanoï, où nous attend une certaine Phan Thi Thuân, tisseuse de son état. Tisseuse virtuose, devrait-on dire, tant son talent est éclatant… 
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À Phùng Xa, les vieux métiers à tisser Jacquard continuent à faire merveille (photo: Duc Quy/VOV5)

Phùng Xa, donc. Haut lieu de la soierie artisanale… Sur place, la vie est rythmée par les vieux métiers à tisser Jacquard, ces fameux métiers à tisser français qui datent des années 1930 et qui continuent à faire merveille.  

Une virtuose de la soie - ảnh 2 La tisseuse Phan Thi Thuân tient son "tissu non tissé", dans son salon rempli de certificats et de trophées (photo: Duc Quy/VOV5)

Phan Thi Thuân est une sexagénaire souriante et hospitalière. Elle m’accueille dans un salon rempli de certificats et de trophées: le résumé de toute une vie consacrée à la soierie et jalonnée de succès.    

«Je suis de la troisième génération d’une lignée de tisseurs», nous confie-t-elle. «Je me souviens que quand j’étais petite, j’aidais mes parents à cultiver les mûriers, à élever les vers à soie et même à tisser… C’est comme ça que le métier rentre! Un métier passionnant, mais difficile. On dit souvent qu’élever un vers à soie, c’est plus difficile que de s’occuper d’un nouveau-né!...»   

Les années 1980 ont été des années difficiles, pour la soierie, et Phùng Xa n’a pas été épargné. Mais il en aurait fallu davantage pour décourager Phan Thi Thuân qui a ceci de commun avec ses vers à soie qu’elle est d’une patience infinie.  

Une virtuose de la soie - ảnh 3 Dans l'atelier de Phan Thi Thuân (photo: Duc Quy/VOV5)

«C’est un héritage, qui doit absolument être préservé, même si les moyens manquent parfois cruellement. Et puis il y a la concurrence, qui est rude, notamment avec les pays voisins! Prenez la Chine, par exemple. Là-bas, on trouve des chaînes d’approvisionnement à grande échelle... Mais bon, moi, je fais le pari de la qualité sur la quantité… Et la qualité, c’est l’originalité, aussi.  Il faut savoir se réinventer!», nous dit-elle. 

Se réinventer… Eh bien c’est en 2010 que Phan Thi Thuân s’est réinventée, avec une innovation, le «tissu non tissé», synonyme, pour elle, de réussite professionnelle. Une réussite qu’elle n’hésite pas à étaler au grand jour, en ouvrant son atelier aux visiteurs, lesquels ne demandent pas mieux que de percer les secrets de cette invention au nom pour le moins paradoxal. C’est par exemple le cas de Jean-Louis.

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«Je trouve cette technique très inventive», nous explique-t-il. «Elle mériterait d’être mieux connue, je trouve. Si j’ai bien compris, c’est une technique qui consiste à faire travailler les vers à soie de façon inhabituelle. Au lieu de leur laisser faire des cocons, on les dispose sur de grandes surfaces encadrées. Résultat: le fil de soie encore gluant se répartit sur tout le plateau, se colle au plateau, et c’est ça qui fait qu’on a à l’arrivée ce «tissu non tissé». On a une matière brute qui n’est pas très épaisse, qui a une couleur un peu jaune mais qui n’est faite que de soie. Le tissu est très doux, du coup. Avec, on peut faire des couvertures, des plaids, des objets décoratifs…»

Cette technique si inventive, Phan Thi Thuân a mis près d’un an à la mettre au point, en effectuant un véritable travail de dressage de ses vers à soie.  

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Photo: Duc Quy/VOV5

«À leur naissance, on les place dans des paniers remplis de feuilles de mûrier pour qu’ils se nourrissent pendant 17 jours», détaille-t-elle. «Jusque-là, c’est normal. En général, c’est au bout du 20e jour que les vers commencent à produire de la soie. On les dispose alors sur une surface plane, recouverte d’une sorte de colle, de façon à retenir les fils de soie. On fait ensuite bouillir le tissu brut pendant trois heures et demi pour le débarrasser de la colle et le rendre plus moelleux. Cette technique qui consiste en fait à faire travailler les vers directement permet de gagner du temps et de garantir une bonne qualité. Ça marche, en tout cas! Il n’y a qu’à voir la demande. Ça va crescendo!» 

Cette méthode de tissage exceptionnelle a valu à Phan Thi Thuân le premier prix du concours «Les agriculteurs inventifs», concours organisé en 2015 par l’Association des agriculteurs du Vietnam.

Mais ce n’est pas tout. En 2017, Phan Thi Thuân, qui ne recule jamais devant l’innovation, a réussi à fabriquer de la soie de lotus… Eh oui, vous avez bien lu : de la soie de lotus !

Eh bien, cette soie de lotus fera l’objet de notre prochain Magazine Culture. Prenez date dès à présent! 

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