David Cousin et le Vietnam, le Vietnam et David Cousin, 15 ans d’amour appassionato...

Thuy Linh
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(VOVWORLD) - David Cousin, enseignant de son état, est arrivé au Vietnam par hasard mais y est resté par amour... Il a renoncé à découvrir le monde, dédiant son enthousiasme et sa soif de sensations nouvelles à notre pays, pour lequel il a eu le coup de foudre...
Pourquoi et comment choisit-on de s’installer à 10.072 kilomètres de son pays natal? Thuy Linh a eu la chance de pouvoir s’entretenir avec David...  
David Cousin et le Vietnam, le Vietnam et David Cousin, 15 ans d’amour appassionato... - ảnh 1David Cousin

C’est une grande question: Pourquoi... Avant, je disais que c’était le hasard, le pur hasard, mais maintenant, avec le temps, je me dit que c'est comme un cadeau de la vie, presque le destin. C’est quelque chose de naturel, il n’y a pas vraiment de raison. En fait, après avoir bouclé ma maîtrise de français langue étrangère, j’ai postulé dans plusieurs écoles françaises sur tous les continents: en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie… Mon premier but, c’était de partir à l’étranger, de découvrir le monde... Parmi toutes ces écoles, il y en avait une à Hô Chi Minh-ville, qui m’intéressait. Je n’avais jamais voyagé en Asie avant et je ne connaissais pas le Vietnam. Au début je voulais rester au Vietnam simplement deux ans ou trois ans et partir ensuite dans d’autres pays mais très vite j’ai compris que j’allais y rester longtemps parce que je me sentais vraiment très bien avec les gens en particulier et avec le pays en général. Je me suis dit, année après année, que je vais rester un an, un an, un an et voilà ça fait déjà 15 ans!... 

VOVworld: Quel est le choc culturel le plus fort que vous avez vécu? Comment l’avez-vous surmonté 

Je crois que le plus gros choc culturel, c’est inévitablement la langue. Je me souviens des premières impressions du premier soir, sur la route de l'aéroport de Hô Chi Minh-ville jusqu’à la maison qui m’attendait... Je regardais la rue dans le taxi, et je voyais tous ces panneaux publicitaires, tous ces enseignes de magasins avec une langue que je ne connaissais pas, et je me suis dit Où est-ce que je suis, Où est-ce que je vais, ça va être difficile… Pareil le lendemain matin quand je suis allé boire mon premier café, ça a été la même chose... mais avec la langue parlée. Tout le monde autour de moi parlait une langue dont je ne comprenais aucun mot. C’était désarmant, mais en même temps très motivant. Pour surmonter ce choc, j’ai tout simplement commencé à apprendre la langue! 

VOVworld: Pour autant que je sache, vous parlez maintenant très bien vietnamien  Et même, vous chantez en vietnamien!... Une petite démonstration?

Mon premier objectif c’était d’apprendre la langue avant même de partir au Vietnam parce que je ne concevais pas de vivre dans un pays sans pouvoir en connaître la culture et la base d’une culture c’est la langue. Mais c’est vrai que la chanson m’a aidé. J’ai toujours aimé chanter et donc l’une des choses qui m’ont fait aimer la langue, c’est le chant. Et de plus, comme vous le savez, au Vietnam, les karaokés sont très courants, c’est quelque chose de culturel, donc j’ai commencé là. Et vous voulez une petite démonstration alors... Une de mes chansons préférées: Em ơi, Hà Nội phố (Ma chérie, les rues de Hanoi) ... avec ma voix un peu horrible… du matin (riant).

David Cousin et le Vietnam, le Vietnam et David Cousin, 15 ans d’amour appassionato... - ảnh 2David Cousin encourage l'équipe nationale de football des moins de 23 ans du Vietnam dans son match contre celle de la Thaïlande, en 2020. 

VOVworld: C’est en tout cas formidable, comment avez-vous réussi à apprendre notre langue, dont la prononciation est réputée difficile? Et quels conseils donneriez-vous à un Français qui envisagerait d'apprendre le vietnamien?

En fait, avec le temps, c’est la même chose, je ne pense pas que le vietnamien est une langue difficile. Mais quand même, c’est une langue très différente du français. Je crois qu’il faut s’en approcher, l’observer, l’apprivoiser, l’aimer... Pour moi, comme je le disais tout à l’heure, dès que je suis arrivé, j’ai suivi des cours dans un petit centre: j’étais un élève très assidu, avec deux ou trois heures de cours par semaine... Et en dehors de ces cours, j’ai mis tout de suite en pratique ce que j'apprenais. De plus, selon moi, il faut aussi avoir de la modestie et le sens de l'humour pour apprendre une langue étrangère. Quand on apprend une langue qui est très différente de la sienne, il faut se dire qu’on va se tromper et que ce n’est pas grave. Et même si les gens rigolent, ce n’est pas méchant, c'est comme vous avez dit, juste émouvant et rigolo. 

VOVworld: Et parler le vietnamien est-il un plus dans votre vie, personnelle et professionnelle?

Oui, ça m'a beaucoup aidé dans la vie et ça enrichit ma vie. Dans ma vie personnelle, apprendre le vietnamien m’a permis d’avoir beaucoup d’amis que ce soit ici à Hanoi mais aussi à Hô Chi Minh-ville. J’ai fait des rencontres exceptionnelles avec des gens et des artistes vietnamiens. Grâce au vietnamien, j’ai eu la chance de chanter avec des chanteurs et chanteuses vietnamiens. J’ai fait des choses très intéressantes que je n’aurais jamais faites. Et le plus important, c’est l’aspect sentimental, parce que je vis aujourd’hui avec une personne vietnamienne et donc le vietnamien est présent pour toute la journée.

Ensuite, dans ma vie professionnelle, je suis enseignant de français langue étrangère et aussi instituteur, donc bien sûr que parler la langue maternelle de ses élèves et de ses étudiants est un plus. Parce que maintenant dans la pédagogie nouvelle, en fait, on conseille d’utiliser quelquefois la langue maternelle des apprenants et parler le vietnamien dans mes classes, c’est comme un levier, un tremplin pour motiver et faire comprendre le français à mes étudiants et à mes petits élèves.

David Cousin et le Vietnam, le Vietnam et David Cousin, 15 ans d’amour appassionato... - ảnh 3David Cousin (2e à gauche) dans un concert en 2020 diffusé sur la chaîne de télévision de Hanoï, à l'occasion de la Journée de l’Armée populaire du Vietnam, le 22 décembre.

VOVworld: Et si vous nous parliez un peu de votre métier… Vous êtes donc maître d’école, en maternelle, à l’école Alexandre Yersin… dites-nous un peu, la diversité culturelle en maternelle, c’est comment?

Oui mais mon parcours est un peu plus riche que cela. J’ai commencé en qualité d’enseignant de français langue étrangère, j’ai donc aussi enseigné à des étudiants et des adultes, notamment à l’Institut français. Mais mon métier actuel est maître d’école, en maternelle, à l’école Alexandre Yersin et j’en suis très content. Forcément, enseigner dans une école française dans un autre pays, c'est quelque chose de très riche. Par exemple, j’ai une classe de près de 25 élèves, qui viennent de plusieurs pays, outre les élèves vietnamiens et français, on a aussi des élèves anglais, espagnols, coréens, algériens, alors la diversité culturelle est très riche et importante... C’est vrai que la langue française est la langue commune, celle qu’on apprend en commun, mais pour l’apprendre, cette langue, on a besoin de toutes les langues maternelles des enfants, en fait. Et voilà, c’est un échange très intéressant, notamment avec les petits parce qu’ils sont en train de maîtriser leurs langues maternelles et en même temps ils apprennent une autre langue. On a tous les jours des surprises et des cadeaux avec les enfants. Et puis la richesse culturelle vient aussi de la part des parents, des professeurs.  C’est un environnement multilingue, pluriculturel que j’adore.

VOVworld: D’après vous, que faudrait-il faire pour améliorer la qualité de vie des étrangers résidant au Vietnam

C’est une question intéressante et difficile... Je voudrais dire tout d’abord que dans chaque pays, il y a des points négatifs, à côté des points positifs, donc chaque pays essaie d’améliorer la qualité de vie des citoyens. Personnellement, je veux dire que ce n’est pas au pays d'essayer de changer des choses, c’est plutôt aux étrangers résidant au Vietnam de faire des efforts pour essayer de s’ouvrir au pays où ils habitent et travaillent. C’est nous qui devons-nous adapter, en fait, que ce soit au niveau de la langue, de la culture ou des comportements, parce que nous pouvons changer nous-même, nous pouvons essayer d’apprivoiser les gens et le pays. Plus on connaît un pays, plus on l’aime, plus on vit bien dans ce pays. C’est toujours l’amour qui est là…

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