Les Chut: mariage et gastronomie

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(VOVWORLD) - Les Chut, l’une des seize communautés ethniques ultra-minoritaires du Vietnam dont nous avons présenté les grandes caractéristiques la semaine dernière, ont des pratiques nuptiales et culinaires pour le moins originales.
Les Chut: mariage et gastronomie - ảnh 1Un mariage Chut d'aujourd'hui. Photo : baohtinh.vn

 Lorsqu’un garçon Chut tombe amoureux d’une fille, il lui offre des bouquets… Non, pas des bouquets de fleurs, qui n’auraient rien d’original. Il s’agit de bouquets de bois, de fagots donc, qu’il a lui-même ramassé dans la forêt. Le nombre de bouquets indique son niveau d’attachement à la fille, et montre à la famille de celle-ci son habileté, son sens des responsabilités et sa maturité. C’est du moins ce que nous explique Kim Ngoc, une spécialiste des Chut :

«Pour les Chut, la capacité d’un garçon à ramasser du bois présage de sa capacité à créer des biens pour sa future famille», dit-elle. «Si la famille de la fille le trouve sympathique, elle lui fera signe et un mariage aura lieu. Mais attention, il ne s’agit pas simplement de constituer un amas de bois, il faut faire en sorte que la famille de la fille en soit satisfaite. La qualité du bois trouvé et la forme de l’amas constitué en disent long sur l’habileté des hommes, en tout cas parmi les Ma Liêng, qui sont un groupe local des Chut».

Les Chut organisent leur mariage en trois étapes: première rencontre formelle entre les deux familles, cérémonie de demande de la main, et cérémonie de mariage. L’oncle du garçon joue un rôle très important dans ce processus.

«C’est l’oncle du garçon qui apporte des cadeaux à la famille de la fille. Il est de coutume qu’il apporte un gros cochon au père de la future mariée, et un petit cochon à l’oncle de celle-ci», indique Kim Ngoc.

Après le mariage, la mariée habite chez son mari, sauf chez les Ma Liêng, où le marié doit rester chez sa femme pendant deux ans avant de pouvoir rentrer chez ses parents. L’idée étant d’exprimer sa reconnaissance envers les parents de sa femme qui lui ont donné vie, l’ont nourrie et éduquée avant de la lui confier.

«Les Chut sont un peuple qui pratique la piété filiale. Lors du début de chaque récolte qui promet d’être abondante, ils préparent un bon repas, et brûlent des bâtonnets d’encens. Même si leurs parents sont encore en vie, ils le font pour leur rendre hommage, les plus pieux des Chut n’hésitant pas à leur donner la becquée. Pour être plus exact, la tradition veut que l’aînée des belles-filles donne la becquée aux parents de son mari», précise Kim Ngoc.

Parmi les Chut, ce sont les Ruc qui ont été les derniers à abandonner le mode de vie nomade, en 1957. Ils sont aujourd’hui une trentaine de familles à habiter les hameaux de Yên Hop et Mo O, dans la province de Quang Binh. Les Ruc se sont imposé une série de tabous concernant l’accouchement qui, selon eux, pourrait irriter les divinités. Les femmes devaient par exemple accoucher dans une cabane érigée à cet effet en dehors ou à la périphérie du village, et elles devaient y rester un certain temps avant de pouvoir rentrer chez elle. Aujourd’hui, cette coutume n’est plus aussi stricte qu’autrefois, mais selon Kim Ngoc, les Ruc observent toujours certains rites pour accueillir une femme qui vient d’accoucher.

«Lorsque sa femme accouche, le mari doit lui ériger une cabane dans son jardin. Avant de faire entrer sa femme et son bébé chez lui, il doit leur préparer un bain aux herbes et chauffer le dessous de son lit avec du charbon. Ce n’est qu’après cette étape de purification que la femme et le bébé peuvent entrer dans la maison. Mais attention, la femme ne doit entrer que dans la salle secondaire. Elle devra attendre un certain temps avant de pouvoir entrer dans la salle principale et il lui est strictement interdit de se rapprocher de l’endroit où sont installés les piliers sacrés en l’honneur des esprits», fait-elle savoir.

Les Chut mangent simplement. En guise de riz, ils font sécher du manioc, le pilent et le cuisent à la vapeur. Ils se régalent de jeunes pousses de bambou qu’ils font bouillir et qu’ils mangent avec du piment, à moins qu’ils ne préparent un bouillon avec ces jeunes pousses et des escargots trouvés dans le ruisseau. Leur plat principal est constitué de petits poissons grillés et hachés avec du sel, du poivre et du piment.

Il existe des milliers d’espèces végétales dans la forêt et les Chut sont capables de savoir lesquelles sont comestibles, lesquelles sont médicinales et lesquelles sont à la fois comestibles et médicinales. Ce savoir est jalousement préservé et transmis de génération en génération.

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