La fabrication du tinh des Tày de Cao Bang

Lê Phuong
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(VOVWORLD) - Le tinh est l’instrument de musique typique des Tày, des Nùng et des Thai. Ce luth à manche long occupe une place prépondérante dans leur vie spirituelle. Mais chaque communauté ethnique a une façon bien à elle de le fabriquer, et c’est à la lutherie des Tày de la province septentrionale de Cao Bang que nous nous intéresserons aujourd’hui.
La fabrication du tinh des Tày de Cao Bang - ảnh 1

Pour les Tày, en plus d’accompagner la voix du chanteur, le tinh représente une deuxième voix qui complète la première. Sa caisse de résonance est faite de la moitié d’une calebasse séchée, le manche est en bois de murier et les trois cordes, en soie. L’étape la plus difficile consiste à trouver la bonne calebasse. Elle doit disposer d’un diamètre compris entre 60 et 70 cm. Le fruit doit être vieux, rond, avec une écorce épaisse qui donne un son mat, comme nous le précise Dàm Xuân Hoà, un luthier Tày de Cao Bang.

«On prend une vieille calebasse qu’on vide et dont on ôte la partie supérieure. On la trempe dans de l’eau pendant une semaine, on la lave puis on la met à sécher. La deuxième étape consiste à la tremper dans de la chaux pendant deux à trois jours pour la protéger des vrillettes. Attaquée par cet insecte, la calebasse deviendra molle au bout de quelque temps, ce qui compromettra sa qualité sonore», explique-t-il.

Une fois séchée, la calebasse sera perforée, poursuit Dàm Xuân Hoà.

«Autrefois, nos prédécesseurs perçaient des trous au fond de la calebasse, et lorsque le musicien jouait de l’instrument, il posait cette partie contre son corps et le son ne pouvait pas sortir», dit-il. «Aujourd’hui, nous perçons 54 trous à six endroits différents, avec à chaque fois 9 trous pour chacun de ces endroits. Plus la calebasse est grande, plus le trou est grand. On vérifie la qualité du son en jouant et on peaufine le trou jusqu’à l’obtention du son idéal».

La fabrication du tinh des Tày de Cao Bang - ảnh 2

L’étape qui exige la plus grande minutie, selon Dàm Xuân Hoà, est la fabrication du manche. L’artisan utilise un bois souple qu’il polira méticuleusement. Ce bois doit avoir au moins 15 ans et une texture lisse, ce qui est crucial pour assurer que le manche ne sera pas déformé. Ce manche mesure en moyenne entre 80cm et 1m, en fonction de la longueur de bras du joueur. La proportion traditionnelle est de trois poignées pour le diamètre de la caisse de résonnance et de neuf poignées pour la longueur du manche.

L’extrémité du manche, qui est courbée en forme de demi-lune, dispose d’ornementations gravées. Après assemblage entre le manche et la caisse de résonance, l’instrument sera poli une nouvelle fois et mis à sécher. Ce n’est qu’ensuite que les trois cordes seront tendues. Autrefois, les cordes étaient en soie. Aujourd’hui, la soie peut être remplacée par du nylon.

Maintenant que l’instrument est prêt, l’ultime étape avant sa commercialisation consiste à en vérifier la qualité sonore. Cela dépend entièrement des oreilles du luthier qui, chez les Tày, doit absolument savoir jouer et chanter. C’est le cas de Dàm Xuân Hoà.

Les Tày conservent bien des pratiques ancestrales et le tinh continue de rythmer leurs fêtes et leurs activités culturelles. Tant que les jeunes tiendront encore à la tradition…

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