Photo de famille des intervenants. (Duc Quy/VOV)

Intervenant dans le cadre du 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques et des cinq ans du partenariat stratégique entre le Vietnam et la France, ce colloque avait pour objectif de porter un regard scientifique sur les enjeux géopolitiques des relations Vietnam-France, de proposer de nouvelles perspectives et des mesures à prendre pour renforcer les relations. 

«Ce colloque constitue aussi un moment de rencontre pour celles et ceux qui ont contribué et contribuent encore à la coopération Vietnam-France.», indique Nguyên Vu Tùng, président de l’Académie diplomatique du Vietnam.

S’agissant des approches géopolitiques entre les deux pays, Etienne Rolland-Piegue, conseiller de Coopération et d’Action culturelle auprès l’Ambassade de France au Vietnam, directeur de l’Institut français du Vietnam, a rappelé les propos du président de la République française, Emmanuel Macron, tenus le 27 mars à l’Élysée lors de la visite du secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nguyên Phu Trong.

«L’Asie du Sud-Est est, à mes yeux, une région structurante pour la sécurité collective, où la France doit être beaucoup plus présente. Le Vietnam est un partenaire naturel pour l’approfondissement de ces liens. Nos intérêts stratégiques dans la région sont convergents. Nous sommes attachés ensemble au respect du droit international comme à la liberté de navigation.»

Photo: Duc Quy/VOV

Pour sa part, Dinh Toàn Thang, directeur du département Europe au ministère des Affaires étrangères, correspondant national du Vietnam auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie, a évoqué la position clef du Vietnam dans la région.

«Pour plusieurs raisons, dont l’Histoire, la France garde sur le Vietnam un regard guidé par des considérations stratégiques importantes», précise-t-il. «Situé dans la péninsule indochinoise qui tenait les communications entre l’océan Indien et l’océan Pacifique, le Vietnam se trouvait à l’époque coloniale au carrefour de la concurrence maritime des Etats empires. Cette position ainsi que le poids économique, démographique et la longueur de côtes de ce pays constituaient déjà une donnée géopolitique majeure pour une puissance coloniale comme la France.»

Malgré les vicissitudes de l’histoire, malgré Diên Biên Phu et l’embargo occidental à l’encontre du Vietnam à la fin des années 80 du siècle précédent, le Vietnam et la France ne se sont jamais éloignés.

«Nous en sommes arrivés à constater que l’enjeu géopolitique et stratégique entre le Vietnam et la France était bien réel dans le passé. Mais je pense qu’il continue de l’être dans le présent», estime Dinh Toàn Thang. «Face à de nouvelles évolutions très rapides et compliqués dans les deux régions où le Vietnam et la France se trouvent, et face aux nouveaux rapports de forces qui s’imposent dans une mondialisation accrue mais parfois tumultueuse, le Vietnam et la France sont toujours amenées à la recherche d’appuis, d’alliances, de partenariats et même de contrepoids pour leur permettre de se maintenir ou d’accéder à une position digne de leur poids dans le concert des nations.»

Selon Duong Van Quang, ancien directeur de l’Académie diplomatique du Vietnam et ancien ambassadeur du Vietnam auprès de l’UNESCO, la France a toujours été au rendez-vous quand le Vietnam a eu besoin de conseils et de soutien. Les grands événements internationaux ou bilatéraux ont d’ailleurs été rappelés: le discours de Phnom Penh du général de Gaulle en 1966, la visite du président François Mitterrand au Vietnam en 1993, le 7e Sommet de la Francophonie à Hanoï, la signature du partenariat stratégique en 2013 et la visite du secrétaire général Nguyên Phu Trong en France en 2018. Ces événements ont montré que l’histoire qui réunit les deux peuples est une histoire de guerre et de paix, d’éloignement et de retrouvailles.

Rappelons que la relation qu’entretiennent la France et le Vietnam a été qualifiée par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian d’«unique et singulière». Alors, l’enjeu le plus grand est de pérenniser cette relation au profit des deux peuples, des deux pays et de leurs régions respectives.