Un tournant imprévisible des négociations États-Unis - Talibans

Hông Vân
Chia sẻ
(VOVWORLD) - Alors qu'un accord historique semblait sur le point d'aboutir après dix-huit ans de conflit en Afghanistan, Donald Trump a annoncé samedi 7 septembre à la surprise générale qu'il se retirait de la table des « négociations de paix » engagées depuis un an avec les talibans. La veille, il avait annoncé l’annulation d’une rencontre secrète prévue dimanche entre lui, des chefs talibans et le président d’Afghanistan à Camp David.
Un tournant imprévisible des négociations États-Unis - Talibans - ảnh 1 Des soldats américains en Afghanistan. Photo: AFP

En un an, les États-Unis et les talibans se sont rencontrés à 9 reprises pour tenter de conclure un accord de paix en Afghanistan. Lors de leur dernière rencontre, les deux parties avaient approuvé un accord selon lequel les États-Unis s’engageaient à retirer quelque 5000 soldats d'Afghanistan et à fermer cinq bases militaires dans les 135 jours qui suivaient ledit accord. En échange de ce retrait progressif, les Talibans avaient accepté de ne pas laisser l'Afghanistan être utilisé par des groupes militants comme Al-Qaïda ou l'État islamique comme base d'attaque contre les États-Unis et leurs alliés.

Les causes de ce volte-face soudain

Pour la Maison Blanche, la faute revient à l’attentat meurtrier commis le 5 septembre à Kaboul, qui a fait 12 morts, dont un soldat américain et un soldat roumain de la mission de l’Otan et qui, selon le président américain, a brisé le cessez-le-feu tacite entre les deux parties.

Un tournant imprévisible des négociations États-Unis - Talibans - ảnh 2 Donald Trump. Photo: Reuters

«S’ils sont incapables d’accepter un cessez-le-feu durant ces discussions de paix très importantes et sont en même temps capables de tuer 12 innocents, alors ils n’ont probablement pas les moyens de négocier un accord significatif. Pendant combien de décennies encore vont-ils se battre ?», s’est interrogé Donald Trump.

Les analystes restent sceptiques face à cet argumentaire et ce d’autant que le président américain avait précisé qu’une rencontre secrète devait avoir lieu à Camp David avec son homologue afghan Ashraf Ghani et les chefs talibans. Cette rencontre sans précédent, à quelques jours du 18e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 avait été très vivement critiquée.

D’après Laurel Miller, responsable de la diplomatie américaine pour l'Afghanistan et le Pakistan entre 2013 et 2017, la situation n’est pas claire. Selon elle, Donald Trump ne changerait ni sa stratégie ni sa politique vis-à-vis des talibans et de l’Afghanistan en raison de la mort d’un soldat américain. Les raisons de son revirement résulteraient davantage d’une pression interne.

En effet, une partie des observateurs et de la classe politique redoutait que le locataire de la Maison Blanche signe un « mauvais accord » en raison de son empressement électoraliste. Plusieurs anciens ambassadeurs des États-Unis en Afghanistan avaient également mis en garde le président américain dans une lettre ouverte contre la possibilité d'un retrait total avant que la paix ne soit réellement revenue dans le pays.

Un tournant imprévisible des négociations États-Unis - Talibans - ảnh 3  Des talibans. Photo: AP

Des inquiétudes

Les talibans ont menacé dimanche 8 septembre de faire souffrir les États-Unis suite à la rupture spectaculaire des négociations par le président Trump. "L'Amérique va souffrir plus que tout autre", "son attitude anti-paix sera plus visible aux yeux du monde, et ses pertes humaines et financières vont augmenter", a mis en garde un porte-parole du mouvement rebelle, Zabihullah Mujahid, promettant de "poursuivre son jihad" jusqu'à la "fin de l'occupation".

Le président afghan Ashraf Ghani a appelé les talibans à mettre fin aux violences et à dialoguer directement avec le gouvernement.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a précisé toutefois que les États-Unis n'excluaient pas une reprise des négociations avec les talibans, à condition que les insurgés « changent d'attitude » et respectent leurs engagements.

Les dernières évolutions sur l’accord de paix en Afghanistan montrent encore une fois que le rêve d’un rétablissement de stabilité et de paix dans ce pays en guerre depuis 18 ans semble encore lointain.

 

Commentaires