 Emmanuel Macron réélu président. Photo: AFP/ TTXVN |
Les chantiers principaux
Ce second mandat ne sera pas facile. Le chef de l’État aura pour mission de rassembler une France profondément divisée et de reconquérir une grande partie qui a voté l’extrême droite. Marine Le Pen a qualifié l’élection à 58,55% d’Emmanuel Macron d’une victoire pour l’opposition, compte tenu de la popularité en forte baisse du président réélu.
Dans son discours prononcé au pied de la tour Eiffel peu après la victoire du 24 avril, Emmanuel Macron a affirmé sa volonté d’être le président de tous les Français. Il s’est également donné pour mission de trouver des réponses à la colère et aux désaccords qui ont poussé de nombreux Français à soutenir l’extrême droite.
S’il parvenait à persuader l’extrême droite, le président Macron ferait face à moins de contestation en introduisant ses projets majeurs, dont la réforme des retraites qui devrait être lancée en automne. Il compte également reculer l’âge légal de départ à la retraite à 65 contre 62 aujourd’hui, ce qui risque de soulever une vague de mécontentement. En effet, les électeurs opposés à la réforme des retraites ont averti que M.Macron serait contraint d’adopter un âge de départ à la retraite à 64 ans. Certains ont même laissé entendre que des manifestations pourraient avoir lieu si le président ne changeait pas d’avis.
La flambée des prix des carburants sera la deuxième problématique imposée à Emmanuel Macron. Son gouvernement a plafonné les prix de l’électricité et proposé des réductions jusqu’après les élections. Pendant sa campagne, il s’est engagé à protéger les électeurs en cas de nécessité, sans donner de délai.
Lors de sa campagne à Marseille, M.Macron a promis de revoir la politique climatique de France. Mais l’absence des questions environnementales lors du débat télévisé qu’il a eu avec Marine le Pen avant le second tour a poussé les militants écologistes à remettre en question les objectifs environnementaux du président candidat.
Un autre défi pour Emmanuel Macron: le président a besoin d’un nouveau gouvernement majoritaire. Les électeurs français seront de nouveau appelés aux urnes en juin lors des élections législatives. Si en 2017, Emmanuel Macron avait remporté une victoire écrasante à la suite de son succès présidentiel, cette fois-ci, son parti pro-européen «La République en marche» se retrouvera confrontée à la fois aux nationalistes rassemblés derrière Marine le Pen et au mouvement de gauche, l’Union Populaire de Jean-Luc Mélenchon, qui a terminé en troisième position lors du premier tour du scrutin présidentiel. Chacun de ces deux blocs est soutenu par un tiers des électeurs, et un gouvernement qui serait contesté par les deux tiers des parlementaires aura du mal à fonctionner. Il faut savoir, en outre, que parmi les électeurs qui ont voté pour Emmanuel Macron lors du second tour, beaucoup l’ont fait non pas parce qu’ils partageaient la vision du président candidat, mais dans le but de faire barrage à l’extrême droite.
 Emmanuel Macron. Photo: AFP/ TTXVN |
Sur la scène européenne et internationale
Sur la scène internationale, se concentrer sur l’Europe est l’une des priorités d’Emmanuel Macron. Le président français veut notamment changer la politique des visas pour les voyages dans l’UE, fixer un taux d’imposition commun au sein du bloc, développer les technologies et renforcer les capacités défensives des États membres compte tenu de l’actuel contexte militaire.
Mais, le plus grand défi actuel pour le président Macron et pour l’Europe est le conflit en Ukraine, qui bouleverse profondément la structure sécuritaire, l’ordre géopolitique ainsi que les calculs stratégiques en Europe. Avant ce conflit, M.Macron et les autres dirigeants de la Commission européenne avaient prévu de convoquer, en mars à Paris, un sommet sur la défense, afin de faire de l’UE une alliance défensive et d’assurer son autonomie stratégique. Cependant, lors de leur rencontre à Versailles le 11 mars, les dirigeants européens n’ont abordé que la réponse de l’Europe à la crise ukrainienne. L’OTAN s’impose de nouveau et les pays européens n’envisagent plus de constituer leurs propres forces régionales. Il sera donc particulièrement difficile pour Emmanuel Macron et pour la France de relancer ce projet.
Entre les problèmes existant dès le premier mandat, le besoin de s’imposer au sein de l’Europe et la chute du taux de soutien des électeurs, le président de 44 ans aura beaucoup à faire au cours des cinq années à venir.